Labor omnia vincit improbus (ou seulement Labor omnia vincit) est une locution latine signifiant en français
« Un travail acharné vient à bout de tout. »
Cela me parait une bonne entrée en matière pour présenter le Chateau Musar, un des plus emblématique domaine viticole du Liban et certainement le plus connu sur le plan international.
C’est en 1930 que Gaston Hochar (alors âgé de 20 ans) fonde les bases du domaine après avoir séjourné à Bordeaux. Celui-ci s’entoure par la suite des conseils du Major Ronald Barton (du château bordelais Langoa-Barton) alors en poste au Liban durant la Seconde guerre mondiale.
Ce n’est qu’en 1959, lorsque son fils, Serge Hochar, termine sa formation d’oenologue à l’université de Bordeaux, que le domaine est nommé « Chateau Musar ». Celui-ci deviendra officiellement BIO en 2006.
C’est donc Serge Hochar qui peaufina pendant 18 ans le vin rouge de Château Musar. Il obtint une reconnaissance internationale lors de la foire aux vins de Bristol en Angleterre en 1979, où la presse du vin et des critiques renommés, dont Michael Broadbent, le compara aux vins de Pomerol.
En 1984, malgré la guerre, Serge Hochar était élu Homme de l’année par le magazine Decanter. Après son brusque décès, les rênes du château sont depuis 2015 aux mains de Ronald Hochar (le cadet) entouré de Gaston et Marc (les 2 fils de Serge) et de Ralph, le fils de Ronald (en charge du sud-est asiatique).
Le siège du domaine est situé à Ghazir dans la caza Kesrouane. Plus de deux heures et demi de route séparent le chai du vignoble de 180ha.
Le Château Musar fut la première cave à avoir assemblé les cépages obeidy et merwah dès les années 1950. Ces deux cépages aiment la hauteur puisqu’ils s’épanouissent à plus de 1000 m au-dessus de la mer sur les pentes de l’Anti-Liban, une chaîne montagneuse à l’ouest du pays, parallèle au Mont Liban, ainsi que sur le Mont Liban.
L’obeidy qui sert aussi à la fabrication de l’arak (avec des rendements de 50 à 60 hl/h) est un cépage purement libanais n’étant, comme on l’a cru, ni parent du chardonnay ni cousin du chasselas malgré une certaine similitude morphologique.
Tarek Sakr, l’oenologue du Château Musar, aime à dire que son acidité et sa capacité de vieillissement font merveille avec le Merwah, cépage qualifié de très nerveux : « une étonnante complexité va ainsi ressortir de ce mariage explosif qui se laisse magnifier au bout de dix ans d’âge.«
Tarek Sakr est l’oenologue du château Musar depuis 1991. Diplômé de l’ENSAM de Montpellier, il a fait ses premiers pas sous la tutelle de Serge Hochar, après un stage au Château Lafite Rothschild. Il travaille désormais au côté de Ronald Hochar.
Mais au-delà de l’assemblage historique des cépages indigènes Obeidy/Merwah, le Chateau Musar est surtout connu pour ses grandes cuvées, tant en rouge qu’en blanc.
En blanc, ce sont les cépages viognier, vermentino et chardonnay qui sont privilégiés. En rouge, outre le cabernet sauvignon, ce sont plutôt les cépages méridionaux carignan, cinsault, grenache et syrah qui constituent les atouts majeurs de la production.
Les terroirs plantés se situent près des villages d’Aana et de Kéfraya dans la plaine de la Békaa. Les rendements sont très bas (30/35 hl/ha), les vendanges sont manuelles entre août et octobre dès les premières heures de la matinée pour arriver au pressoir de Ghazir (à une trentaine de km au nord de Beyrouth) dans un parfait état de fraîcheur.
La particularité du Chateau Musar: ne commercialiser leurs vins (du moins leurs grandes cuvées rouges) que 4 à 7 ans après la récolte.
Musar élabore aussi du rosé, assemblage de Cinsault avec les deux cépages autochtones Obeidy et Merwah.
La gamme se compose donc de trois niveaux: les vins jeunes
Le milieu de gamme.
Souvent décrit comme le second vin du domaine, la cuvée « Hochar Père et Fils Red » est un assemblage de cinsault, de grenache et de cabernet sauvignon, issu d’un seul vignoble situé près du village d’Aana, dans la vallée de la Bekaa. Il est caractérisé par des sols profonds calcaires. À un âge moyen de 30 ans, les rendements de ces vignes de brousse matures sont faibles: 20 à 30 hl par hectare.
Enfin, le haut de gamme qui se décline en blanc/rosé et rouge et qui constitue la renommée du Chateau.