Le Chateau Kefraya a été fondé en 1950 par Michel de Butros (qui s’est éteint en 2016, à 87 ans), écrivain et grand amateur d’art. C’est le deuxième domaine viticole du Liban. En 1946, Michel de Butros débutait la construction du château établi sur un tell, colline artificielle érigée par les romains des siècles auparavant afin de surveiller les mouvements de troupes. Les premières vignes (dans la plaine de la Bekaa-ouest) apparaissent en 1951. Mais il faut attendre 1979 et dans des conditions d’extrême difficulté en pleine guerre du Liban (1975-1990) pour que Château Kefraya commence à produire son propre vin, avec les raisins issus de son propre vignoble et vinifiés dans sa propre cave (Les Coteaux de Kefraya) ; des vins qui seront élaborés selon ses propres règles : le respect de l’environnement, des vignes non irriguée et refus de l’assemblage. Féru d’opéra, il va donner à certaines de ses bouteilles le nom de grands héroïnes de l’art lyrique, Aida, Madame Butterfly, Carmen et Dinorah. Très vite, premières médailles et reconnaissance internationale saluent son travail mais la consécration viendra en 1997. La prestigieuse revue The Wine Advocate lui attribue une notation de 91/100 à sa cuvée Comte de M 1996* avec une critique de Robert Parker intitulée : an amazing accomplishment in Lebanon. Il est vrai que La devise du domaine n’est autre que Sempre Ultra (toujours plus haut) en latin. Château Kefraya est aujourd’hui la propriété de trois familles, celle de Michel de Bustros, celle de Walid Joumblatt, chef historique de la communauté druze, et la famille Fattal.
La direction du domaine est actuellement aux mains de Édouard Kosremelli, le PDG, secondé par Émile Majdalani, directeur commercial.
Michel de Bustros, avait choisi de planter 300 ha de vignes sur un seul et même village (Kefraya), reproduisant ainsi, en partie, la notion de terroir à la française alors qu’il n’existait aucun principe d’appellation d’origine contrôlée dans le pays (et qui n’existe toujours pas). Un vignoble à seulement quelques kilomètres de la frontière syrienne.
Kefraya possède sans doute dans la plaine de la Bekaa à plus de 1000 m d’altitude, l’un des plus beaux terroirs du pays. Le vignoble s’étale sur environ 320 ha de coteaux en terrasses au pied du Mont Barouk, qui culmine dans la chaîne du Mont Liban, à 1943 m. C’est aussi une réserve naturelle connue pour ses cèdres. Le terroir est une véritable mosaïque argilo-calcaire, caillouteux, argilo-limoneux et sableux. Les vignes bien exposées sont majoritairement palissées et plantées à 4000 pieds/ha avec une sélection de cépages faite pour les assemblages : cabernet sauvignon, carmenère, marselan, muscat à petits grains, chardonnay, viognier. Pas d’irrigation et un rendement moyen de 35 hl/ha ; vendanges et sélection manuelles des raisins à la vigne puis une deuxième sélection par tri optique sur table. On pratique au château une vinifications parcellaires. L’élevage des vins se fait en fûts de chêne français dans un chai d’une capacité d’un millier de barriques sous le contrôle du directeur technique du château, l’œnologue français Fabrice Guiberteau. A noter que le célèbre vin qui fit la réputation de Kefraya, Château Kefraya Rouge, dont les étiquettes mirent en avant les œuvres d’artistes-peintres libanaises, se donne maintenant une allure plus bordelaise avec un cabernet sauvignon assemblé au mourvèdre et à la syrah. Château Kefraya élevé entre 18 et 24 mois en fûts de chêne provient de 22 ha de vignes de plus de 30 ans, vendangées à la main.
Le Château Kefraya, fut le premier à vinifier et élever du vin dans des amphores (comme jadis). Le domaine cultive de multiples cépages mais joue particulièrement sur le succès du cinsault, qui fait désormais partie du patrimoine du Liban.
Mais faire du vin dans un pays dont la guerre semble endémique est un défi que le Liban relève chaque année, millésime après millésime. En 1996, les chars israéliens prenaient position dans les vignes du château Kefraya (une opération intitulée Les raisins de la colère !). Michel de Bustros, propriétaire, relate l’événement dans son livre Du haut d’une Bretèche : « occupé par la soldatesque israélienne Kefraya n’était plus Kefraya. Partout l’état de désolation était impressionnant. Ils incendièrent les vergers et les vignobles et pillèrent le château (…), détruisant sans aucun scrupule trente-deux ans de travail ».
Situé au pied du mont Barouk, à plus de 1000 m d’altitude, Kefraya cultive cabernet sauvignon, syrah, chardonnay et viognier, mais aussi des variétés plus atypiques comme le carmenère, le marselan, le muscat à petits grains et des cépages autochtones comme le obeideh.
Le Château Kefraya, qui s’est constitué sa propre pépinière de cépages indigènes (une quarantaine de cépages libanais) devrait sortir (de l’oubli) en 2019, un cépage blanc indigène, un vin issu à 100 % du meksessé (totalement inconnu !).
Le Chateau Kefraya produit environ 1,5 millions de bouteilles /an (ce qui le place en deuxième position, entre Ksara et Chateau Musar)
Au mur de la photo ci-dessus (extraite d’une vidéo ou Fabrice Guiberteau, oenologue français pour le Chateau Kefraya est interviewé), quelques originaux des peintures illustrant les grandes cuvées du domaine. La réalisation de ces peintures n’est généralement confiée qu’à des femmes.
A une exception, expliquait Michel de Bustros, fondateur: “Dans le cadre du mécénat et depuis plus de 20 ans, nous avons pour tradition de mettre à l’honneur la femme libanaise en sélectionnant pour chaque millésime de notre Château Kefraya, une artiste et son œuvre, mais ceci est la première fois que nous confions à un artiste l’entière conception d’un habillage, à savoir celui des Bretèches 2012’’
En 2016, le domaine sortait 300 bouteilles d’un 100 % merwah dans sa collection de bouteilles rares, Les Exceptions (vendues exclusivement au château).
La cuvée Comte de M Rouge (dont l’étiquette rend hommage aux guerriers phéniciens), est le nec plus ultra du Château. Elle provient d’une sélection de parcelles de syrah et de cabernet sauvignon limitées à 9 ha et culminant à 1100 m. Il est élevé en fûts de chêne français jusqu’à 24 mois. Le Comte de M Blanc est issu d’une parcelle de quelques 3 ha de vignes de chardonnay et viognier vinifiés et élevés jusqu’à 24 mois en fûts de chêne français neufs. Ces 2 très grandes cuvées ont été élaborées sous le contrôle d’Édouard Kosremelli, directeur général de Château Kefraya depuis 2013 et de l’oenologue Français Fabrice Guiberteau, arrivé à Kefraya en 2006 alors qu’Israël bombardait les infrastructures libanaises et le château : les démineurs étaient dans la parcelle juste au-dessous du chai.
Sources: chateaukefraya.com , Wikipedia, Dico-du-vin.com