C’est au XIXe siècle que les missionnaires venus d’Algérie ont jeté les bases d’une viticulture moderne au Liban. Le château Ksara, fondé en 1857 par les Pères Jésuites est né d’un dont de 25 ha de vignoble par les Ottomans.
C’est le plus ancien domaine du Liban. Son nom serait une traduction approximative de château franc.
En 1902, deux événements se produisirent. Ce fut l’année de la création du premier observatoire du Moyen-Orient à Ksara afin que les jésuites puissent enregistrer les précipitations et l’activité sismique. Un vin commémore cette installation, Le Blanc de l’Observatoire (Millésime 2017 : obeideh 30 %, muscat 20 %, clairette 40 %, sauvignon 10 %). A droite sur l’étiquette ci-dessous, l’observatoire est représenté.
Le second événement fut plus tragique. C’est l’assassinat de dix jésuites entre Beyrouth et Zahlé ce qui entraîna la troisième République (à la demande de la Compagnie de Jésus), à intervenir en assurant un protectorat sur les 250 ha du domaine. Cette terre, finalement la France l’offrit à la communauté chrétienne du Liban. Ses 2 km de caves qui servirent de refuge aux réfractaires à la conscription ottomane en 1914 furent, elles aussi cédées par les jésuites lorsqu’ils sont obligés de vendre leur domaine en 1973 (à la demande du pape). Les vins des pères que l’on buvait avec révérence, ont été repris par Charles Ghostine et ses associés. Il engagea James Palgé, maître de chais du Château Prieuré-Lichine à Margaux qui osa l’impensable : faire cohabiter dans un même assemblage cabernet sauvignon et merlot, et treize cépages méridionaux, dont la syrah. Aujourd’hui, château Ksara a pour PDG Zafer Chaoui.
Situé dans la vallée de la Bekaa, le domaine Ksara est le plus gros producteur du Liban (environ 2,5 millions de bouteilles /an sur une production estimée actuellement à 9 millions de cols). Le château Ksara (437 ha sur un plateau d’altitude où les vignes sont plantées entre 900 et 1400 m) se targue de cultiver 32 cépages dont 2 hybrides : le cabernet volos et le sauvignon rytos sur 3 ha, cépages choisis pour être résistants au mildiou et à l’oïdium (plutôt rares au Liban) mais surtout au gel.
Le chateau Ksara est également reconnu pour avoir remis en avant le merwah, cépage autochtone tardif (récolté en octobre) qui ne se trouve plus qu’en petite quantité dans la région de Douma à 80 km au nord-est de Beyrouth. Il donne un vin sec et aromatique. Ce merwah mono-cépage n’est produit qu’à 20 000 bouteilles dans des conditions de culture particulières (sélection massale) à une altitude d’environ 1200 m sur des sols argilo-sableux, riches en fer ce qui lui apporte minéralité et fruité. James Palgé oenologue du château Ksara le rapproche avec ses saveurs exotiques et son goût de melon, au Muscadet. Il suggère de le déguster avec des fruits de mer.
Le vignoble s’étend sur 437 ha sur un plateau d’altitude où les vignes sont plantées entre 900 et 1400 m. C’est un vignoble de montagne en zone méditerranéenne. Il pleut et neige de mi-novembre à début avril, puis ensuite plus aucune précipitation pendant 6 mois. L’un des leviers mis en place au château est l’irrigation. Presque toutes les vignes sont irriguées : goutte-à-goutte ou aspersion. Des sondes mesurent l’humidité du sol à 60, 90 et 120 cm pour mieux gérer les apports et éviter l’enracinement superficiel. 6 zones de plantation fournissent le château. Mais cela ne suffit pas. Il faut s’approvisionner à l’extérieur, acheter du raisin à partir d’une vingtaine de cépages pour alimenter l’imposante machine qu’est Ksara (1 200 barriques, 150 cuves en Inox…). Le domaine est dirigé par Zafer Chaoui, aussi président depuis 2013 de l’Union vinicole du Liban. Il est secondé par George Khalil Sara, copropriétaire du Château Ksara.
Les caves du château Ksara datant de la période romaine furent découvertes en 1898. C’est en voulant enfumer un renard qui terrorisait les poules que de jeunes garçons les découvrirent (l’un d’eux devint moine ; il mourut en 1976). Elles s’étendent aujourd’hui sur 2 km et s’articulent autour de 6 tunnels. Elles représentent un atout considérable pour le château car jouissant d’une faible variation de température et d’une hygrométrie constante tout au long de l’année, elles permettent un vieillissement idéal pour le vin (entre 13 et 15°). Les caves de Ksara contiennent environ 900 000 bouteilles allant du dernier millésime à quelques très rares flacons de 1918. Mais les plus vieilles que l’on peut encore consommer sont des années 1960 précise James Palgé, oenologue de la maison. A noter qu’y sont entreposées quelques 3 000 bouteilles de Vin D’Or (assemblage de macabeu, malvoisie et grenache blanc) élaborées par les pères jésuites, dont une bouteille, millésime 1942 qui fut adjugée 1500 £ à Londres fin 2017.
Sources: dicoduvin.com, wikipedia et chateauksara.com