Le Château fut construit au 16ème siècle par le Seigneur Baude de Peyron et appartient désormais à Yves et Stéphanie VATELOT qui en ont fait l’acquisition en 1990. Au 18ème et 19ème siècle, il avait subi quelques aménagements et transformations dont la cour d’honneur fermée par des grilles en fer forgé et une serre signée Gustave Eiffel.
Le Château de REIGNAC est situé sur une croupe au confluent de l’Entre Deux Mers, à quelques km au sud de Saint-Loubès.
La tour du pigeonnier de l’époque a été également rénové et sert actuellement de lieu de dégustation à l’aveugle.
Superficie plantée
En Blanc : 3.2ha
En Rouge : 73ha
· 65% Merlot
· 25% Cabernet sauvignon
· 10% Cabernet franc
Conduite du vignoble
Le vignoble est en conduite raisonnée et jouit depuis 2017 d’une certification HVE (Haute Valeur Environnementale, le plus haut des trois niveaux de la certification environnementale des exploitations agricoles).
Le domaine s’inscrit dans une démarche de développement durable en limitant les intrants phyto autant que faire se peut, en favorisant le travail mécanique au détriment du désherbage et en créant une synergie du biotope grâce d’une part à la collaboration avec une équipe externe (méthode Cousinié), d’autre part à l’utilisation d’un phytobac et station de traitement des effluents vinicoles par Bambou remédiation.
En raison de la pluviométrie importante sur le Bordelais, la pression fongique (Mildiou et Oïdium) est énorme. Malgré la pression sociétale autour du bio, il y a des contraintes difficiles à gérer :
« Pour le passage au Bio le seul point de départ permettant d’essayer de basculer en Bio, compte tenu du fait que les produits autorisés sont des produits préventifs purs et de contact donc lessivés par la pluie, est et reste à Bordeaux de pouvoir protéger sa propriété en moins d’une journée… Or pour l’instant avec le nombre de tractoristes à ma disposition il me faut deux jours… Reignac a abandonné le désherbage chimique, les produits les plus toxiques, pas de CMR, de perturbateurs endocriniens, etc. et je ne traite qu’avec des produits connus pour ne pas laisser de résidus dans les vins. Pour le reste, le temps nous le dira mais pour 2025 l’Europe a demandé à la France de trouver une alternative aux cuivres que les experts savent être eux aussi toxiques pour l’environnement… Que se passera-t-il alors pour toutes ces propriétés ne traitant qu’avec des cuivres ?… La solution est ailleurs que dans le Bio qui ne fait que répondre à une demande du consommateur, il faut imaginer autre chose, plus propre que ce que fait la majorité des vignerons mais surtout applicable sur des climatologies difficiles comme ici et sur des surfaces importantes. Les conditions climatiques de l’ordre de 1000mm par an font que ce qui est facile à perpignan l’est beaucoup moins ici. » Nicolas Lesaint, Directeur technique.
La production
La production est entourée depuis le début des conseils de Michel Rolland, le fameux œnologue libournais qu’on ne présente plus. Désormais, c’est par l’intermédiaire d’un de ses bras droits (Mikael Laizet) que l’entreprise poursuit son évolution avec, précise Nicolas Lesaint (Directeur technique), une très grande liberté.
« Nos cahiers des charges doivent évoluer si l’on veut réussir à se différencier des autres : plus de pieds à l’hectares, interdiction pour des AOC village à produire ces AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur et de déclasser leurs vins moins qualitatifs ce qui nous plombe, et surtout selon moi redéfinir des zones géographiques et pédologiques claires en Entre-deux-Mers permettant d’accéder à une notion d’AOC Bordeaux Village qui nous permettrait d’expliquer pourquoi nos Bordeaux sont différents des Bordeaux produit dans les palus du Médoc. Mais ça c’est pas gagné auprès de nos ODG et de l’INAO… ». Nicolas Lesaint, Directeur technique.
2 ha sont consacrés à la production d’une cuvée en
AOC Bordeaux blanc
53% Sauvignon blanc / 23,5% Sémillon / 23,5% Sauvignon gris
Les vignes ont en moyenne 40 ans
Rendement : 18 hl/ha
Densité de 6660 pieds/ha
La vinification est classique sauf que la fermentation et l’élevage s’opèrent pour 80% en barrique neuve et pour 20% en cuve béton ovoïde.
Bâtonnages sur lies en barriques, placées sur la structure Oxoline pendant 9 mois.
35 ha consacrés à la cuvée Château de Reignac
AOC Bordeaux Supérieur
65% Merlot / 30% CS / 5% CF
Les vignes ont un peu plus de 30 ans
Rendement : 35 hl/ha
Densité de 6660 pieds/ha
Vinification traditionnelle en petites cuves inox (thermorégulées) lot par lot et cépages séparés.
Élevage de 12 mois en barriques de chêne français.
Le Grand Vin de Reignac
Cuvée en AOC Bordeaux Supérieur issue de 49 ha
2018 : 75% Merlot / 20% CS / 5% CF
Les vignes ont environ 40 ans
Rendement : 35 hl/ha
Densité de 6660 pieds/ha
Vinification traditionnelle en petites cuves inox (thermorégulées) lot par lot et cépages séparés.
14 à 16 mois d’élevage en fonction des lots en barriques de chêne français.
« C’est un grand vin structuré de garde mais qu’on a essayé de rendre plus accessible que des 2010 ou des 2011.
Un joli millésime difficile à négocier au printemps, il fallait vraiment être très attentif par rapport au mildiou. On en est assez fiers. »
Nicolas Lesaint
4 ha sont consacré à la cuvée BALTHUS, en AOC Bordeaux Supérieur. Cette cuvée (créée en 2002) est élaborée exclusivement avec le cépage Merlot.
Age moyen des vignes: 30 ans
Rendement : 35 hl/ha
Densité de 6660 pieds/ha
La particularité de cette cuvée réside en sa vinification dite intégrale à savoir que la fermentation alcoolique et l’élevage se font en barrique selon une méthode brevetée par Y. Vatelot.
Technique de vinification intégrale en barrique
Cette pratique n’est opérée QUE sur le Balthus.
La vendange triée est encuvée dans des cuves tronconiques sur pied. Elle y est refroidie à 7° durant une semaine, réchauffée puis levurée.
Au bout de 48h il est possible d’assécher la cuve en soutirant le moût qui commence à fermenter et de laisser ainsi les parties solides dans la cuve tronconique. Les barriques de vinification sont alors remplies à moitié avec le moût puis elles sont placées sous la cuve tronconique dont le fond peut s’ouvrir. Les parties solides peuvent dès lors tomber dans la barrique afin de reproduire la proportion moût/parties solides classique dans une cuve. Chaque barrique possède la même proportion. La « porte » de barrique est alors refermée, la barrique est couchée et mise dans l’OXOline (structure où chaque barrique est sur roulettes). La fermentation commence et le travail du marc se fait par rotations des barriques, tout d’abord 2 à 3 tours deux fois par jour, puis en réduisant progressivement les rotations en fonction du millésime et de l’avancement de la fermentation. Chaque barrique possède deux barres inox fixées sur leur fond permettant de coincer le marc lors des rotations assurant ainsi son immersion et sa déstructuration. Lorsque la fermentation et la macération sont achevées, les barriques sont soutirées puis les portes des barriques sont enlevées et le marc est sorti puis pressé. Vin de goutte et vin de presse sont séparés, les barriques repartent chez le tonnelier pour remettre un fond classique sans porte, puis elles reviennent en 48h, permettant de faire ou pas la malolactique en barrique. L’élevage des 16 mois restant se fera dans ces barriques.
Retrouvez cette technique de vinification intégrale en vidéo grâce au Facebook live de Nicolas Lesaint :
Le domaine opère actuellement un changement de type de barriques. Depuis 2017, ils ont commencé à ne sélectionner en barriques neuves que des barriques dites Haut de gamme élaborées avec des arbres ayant grandi dans des conditions plus favorables que la moyenne, permettant par cette pousse régulière d’avoir ce qu’on appelle des grains de bois fins. Ce sont des barriques plus onéreuses que les barriques classiques (100 à 150 euros de plus par barrique), mais ce bois permet d’améliorer la qualité du boisé dans les vins et surtout l’axe d’amélioration des finales.
Chaque année depuis 2017, ¼ de plus des nouvelles barriques sont de ce type. En 2020 donc, 100% des barriques qu’elles soient neuves ou d’un ou deux vins, sont de ce type.
Depuis 2020 Balthus est lui aussi à 100% vinifié et élevé avec ce type de barriques.
L’AOC Bordeaux Supérieur présente un niveau plus stricte que l’AOC Bordeaux de par le temps d’élevage demandé avant commercialisation.
Le « problème », clairement identifié, reste l’importance de l’offre dans cette AOC en terme de volume et donc d’hétérogénéité. La valeur ajoutée par Reignac se situe, outre dans l’expertise du personnel oeuvrant à élaborer ces cuvées, dans le terroir spécifique de cette zone de l’Entre-Deux-Mers.
Le terroir
Le point le plus haut de la propriété se situe aux environs de 50m (par rapport au niveau de la mer), le plus bas certainement aux environs de 30m.
Au niveau pédologique, on retrouve dans cette zone Ouest de l’Entre-deux-mers trois types de sols :
– Des Graves d’anciennes terrasses alluviales plus ou moins sèches posées sur un sous-sol argileux
– Des Argilo calcaires du type de ceux rencontrés sur Saint-Emilion
– Des Molasses fortes typiques de Castillon
J’évoque à ce stade le terroir car cette complexité singulière confère à Reignac de nombreuses similitudes avec les grands terroirs bordelais.
L’incroyable dégustation
C’est précisément sur cette singularité territoriale que le domaine va appuyer (à raison) sa communication, titillant l’ostracisme bordelais induit par ce fameux classement napoléonien de 1855 duquel s’est vu figé et circonscrit le champ d’étude des Terroirs du vignoble de Bordeaux.
« Les incroyables dégustations », initiées et organisées par François Mauss du Grand Jury Européen, montrent un comparatif objectif (sous couvert d’un huissier de justice) entre Le Grand Vin de Reignac (2001) ou le Balthus face à de Grands Crus Classés tels que Angelus, Petrus, Lafite-Rothschild, Pavone, Mission Haut-Brion, etc…
Le résultat est surprenant et démontre un excellent rapport Q/P des cuvées de Reignac.
Raisons pour lesquelles, la cave de Bacchus aime à mettre le focus sur ce domaine viticole ô combien méritant. Avec une formidable continuité et évolution qualitative, les vins de Reignac ont cette faculté de préserver le fruit tout en apportant une structure puissante et élégante. Formidable potentiel de garde et gage de plaisir gastronomique sans devoir faire un emprunt sur 20 ans chez son banquier !